
Le triton
M’y voilà enfin ! Ça fait des jours que je me déplace dans le sous-bois avec un seul but en tête : retrouver l’étang où je suis né pour m’y reproduire à mon tour. Entouré d’arbres majestueux, proche de la lisière, cet étang est idéal pour ma progéniture. Imaginez : les hêtres qui nous entourent atteignent plus de 200 ans alors que je suis né il y a à peine 2 ans…
Avant tout, je dois me préparer pour la vie aquatique : la structure de ma peau change et mes couleurs deviennent vives. Je ressemble alors à un petit dragon avec mon ventre orangé, mes flancs bleus et ma crête tachetée de noir. Je vais ainsi essayer de séduire une femelle qui pourra pondre jusqu’à une centaine d’oeufs sur la végétation. Je resterai un peu plus de 3 mois dans l’étang avant de regagner le sous-bois et la vie terrestre.
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Mais encore...
Migrer jusqu’au plan d’eau
Dès le début du printemps, les tritons regagnent le milieu aquatique après avoir passé tout l’hiver à hiberner dans le sous-bois forestier. Ce petit animal de moins de 10 cm de long peut migrer sur des centaines de mètres voire plus de deux kilomètres pour regagner une gouille, un étang ou même une ornière humide sur un chemin. Il garde en mémoire la localisation des plans d’eau d’une année à l’autre et peut même en détecter de nouveaux grâce à son odorat.
Le dragon de l’étang
Alors que sur terre, le triton est de couleur brune et plutôt mimétique, une fois dans l’eau, il se transforme littéralement : son ventre devient orange vif, des teintes bleutées ornent la queue du mâle et une crête dorsale se forme sur son dos tacheté de belles tâches noires. Le mâle ressemble alors à un véritable dragon ! La parade peut dès lors commencer pour séduire la femelle qui pondra par la suite 100 à 150 œufs isolés, qu’elle déposera un à un sur la végétation.
La durée de développement larvaire jusqu’à la métamorphose en adulte est très variable, mais dépasse en général deux mois et demi. Certaines larves ne quitteront le plan d’eau qu’en automne après s’être nourries d’insectes, de vers, de mollusques, voire même de pontes d’autres batraciens.
Entre terre et eau
Les larves sont équipées de branchies, contrairement aux adultes qui doivent remonter régulièrement à la surface, même si ce sont des champions de l’apnée : ils peuvent rester plusieurs minutes sous l’eau ! A la suite de la ponte, les tritons adultes passent régulièrement de la terre ferme à l’eau et inversement. Le triton alpestre vit ainsi une grande partie de l’année hors du milieu aquatique, où il reste très discret : il se cache en journée sous une racine, des feuilles mortes, un tas de branches ou de pierres. Les tritons sont des animaux à sang froid et sont donc sensibles au gel : ils doivent trouver un gîte tranquille où ils pourront passer tout l’hiver en hibernation. Ils ne trouvent plus suffisamment de nourriture à cette période et réduisent ainsi la quantité d’énergie qu’ils consomment.