Construction et environnement

Heureusement pour moi et les autres animaux, il est désormais interdit de construire en forêt. Mais ce bâtiment me plaît bien. Construit autour de 1930, il servait à l’origine de lieu de stockage pour les munitions de l’armée. On l’appelle La Poudrière. Aujourd’hui devenue inutile et désuète, j’en ai fait ma demeure.
Afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de protéger la biodiversité, je préfère que ce bâtiment trouve une nouvelle fonction plutôt qu’il ne se fasse détruire. Sa construction a déjà été très impactante pour l’environnement. Mieux vaut le laisser en place que de le démolir en risquant d’endommager la vie de la forêt une fois encore ! Ce bâtiment obsolète est devenu une ressource pour mes amies et moi, ainsi que pour vous, les visiteur·euses de la forêt.
Mais encore...
L’effet de serre
Certaines activités humaines (industries, transports, énergies) libèrent du dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz qui perturbent l’effet de serre. Les gaz à effet de serre renforcent l’effet de serre, c’est-à-dire qu’une partie de la chaleur de la Terre reste dans l’atmosphère au lieu de s’échapper vers l’espace. Nous parlons alors de réchauffement climatique planétaire qui a des conséquences sur le climat, les écosystèmes et la vie sur Terre1.
Le bâtiment, de sa construction à son exploitation, contribue de façon significative (plus de 30% en Suisse et 40% à l’échelle mondiale) aux émissions de gaz à effet de serre. Le chauffage porte une grande part de responsabilité tout comme l’énergie nécessaire à la construction, appelée énergie grise. Dans le cas d’un bâtiment neuf, 70% des émissions de gaz à effet de serre seront produites lors de sa construction, contre 30% lors de son exploitation2.
La construction
Il faut repenser la construction par une économie circulaire et non plus linéaire. Pendant les dernières décennies, la tendance était d’extraire les matières premières, les transformer, puis les jeter lorsqu’elles arrivaient en fin de vie. Avec un modèle d’économie circulaire, le but est de valoriser ce qui existe déjà. Ce qui auparavant était considéré comme un déchet devient alors une ressource.
Aujourd’hui, la transformation réfléchie et la modernisation de nombreux bâtiments qui composent nos villes permettent d’éviter les démolitions ayant un fort impact sur le climat. Cela permet de valoriser l’énergie grise produite durant leur construction et de réduire les émissions de gaz à effet de serre que demanderait une construction neuve. C’est aussi une façon de protéger la biodiversité. Les anciennes bâtisses sont des refuges appréciés des chauves-souris, friandes des endroits chauds et secs, alors que les nouvelles constructions détruisent des habitats naturels. Afin qu’elles puissent continuer à se reproduire sous nos toitures, on pourrait facilement allouer une part de la surface de nos combles en refuge pour chauves-souris3.
Si la réhabilitation s’avère impossible, les bâtiments deviennent, en zone urbaine, les nouveaux gisements de matériaux. Le réemploi de matériaux de construction était déjà une tendance avant l’industrialisation.
Cela permet également de limiter la production de déchets ayant un impact considérable sur les écosystèmes terrestres et marins et d’éviter l'extraction de matières premières nécessaires à la production de nouveaux produits. Pour les matériaux qui ne peuvent être réemployés, il faut alors essayer de les recycler plutôt que de les mettre en décharge. Ce procédé est plus ou moins demandeur d’énergie lors de la transformation des matériaux mais permet de limiter les déchets.
En zone rurale, de nombreuses ressources de matières premières sont disponibles localement. En les valorisant, nous limitons les matériaux issus du pétrole ou émettant un fort taux de dioxyde de carbone (CO2). Nombreux sont les bâtiments d’après-guerre à aujourd’hui construits en béton armé. Ce matériau, composé d’eau, de sable, de gravier et de ciment, est difficilement recyclable et émet énormément de CO2 lors de la production du ciment. Une construction en béton n’a rien à faire dans un milieu naturel comme une forêt. Il faut valoriser les matériaux biosourcés, tels que le bois, la paille ou le chanvre. Ces derniers absorbent le CO2 durant leur croissance au lieu d’en produire.
L’énergie
Longtemps, l'électricité et le chauffage ont été générés par des énergies fossiles (comme le pétrole ou le charbon) dont les ressources sont limitées. Ils ont également participé aux émissions des gaz à effets de serre dans l’atmosphère.
Aujourd’hui nous tentons d’améliorer l’impact de ce secteur sur l’environnement en remplaçant ces sources par des énergies renouvelables mais également en diminuant les quantités nécessaires au fonctionnement des bâtiments, notamment par une amélioration de l’isolation thermique.
La chaumière de la chauve-souris est équipée de panneaux solaires qui captent le rayonnement solaire pour le transformer en énergie servant ici à éclairer la bâtisse. Ce procédé s’apparente à celui de la photosynthèse chez les plantes qui utilisent la lumière du soleil pour convertir le dioxyde de carbone (CO2) et l’eau (H2O) en glucose (C6H12O6) et en oxygène (O2). Le glucose est utilisé comme source d’énergie pour la croissance et le développement des plantes.
L’humain parait petit face à la grandeur imposante de la forêt mais accompagné de ses semblables, il a le pouvoir de changer les choses.
2 https://suisse-2050.ch/secteur-construction/
Inspiré de la structure de: https://www.archiclimat.ch/