Changement climatique et diversité

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De la résistance à la résilience forestière

Lorsque l’évolution forestière est connue, les risques identifiés sont gérés avec des mesures ciblées et efficaces. Cependant, lorsque l’on ne sait pas trop à quoi s’attendre, une tactique au spectre de réaction le plus large possible est privilégiée, on parle alors de résilience d’un écosystème. L’évolution du climat comprenant encore de nombreuses inconnues, un environnement résilient est à exhorter.

La forêt subira certainement de profonds changements ces prochaines décennies. A notre échelle temporelle, un milieu résilient doit pouvoir fournir continuellement les services écosystémiques dont l’homme est devenu dépendant. Pour illustrer ce propos, une forêt protectrice contre les avalanches devrait pouvoir assumer en continu sa prestation. Dotée d’une diversité biologique suffisante, elle disposera alors d’une plus grande latitude de réaction face à de nouvelles conditions environnementales. Elle subira certes une évolution dans sa structure et composition, certaines espèces d’arbres disparaîtront laissant la place à d’autres déjà présentes, mais sera toujours à même de remplir son rôle de protection et ceci sans interruption.

Stratégies face au changement climatique

Cette résilience face aux incertitudes sur l’évolution du changement climatique est favorisée principalement selon deux principes sylvicoles. En premier lieu, il est nécessaire de disposer à l’avenir de forêts riches et diversifiées en essences forestières. La disparition de l’une ou l’autre essence ne mettra pas en péril l’ensemble de l’écosystème forestier. Un nombre suffisant d’individus permettra à la forêt de subsister. On ne met pas tous les œufs dans le même panier…

L’ouragan Lothar de 1999 nous a enseigné que des forêts présentant une structure variée sont moins sensibles aux tempêtes. Ce n’est pas une garantie, mais il serait tout de même judicieux de promouvoir des forêts étagées où arbres de grandes et petites tailles se mélangent plus ou moins intimement.

La structure peut alors plus facilement absorber des évènements climatiques notamment venteux. Nous parlons ici d’un mode sylvicole dit de forêts pérennes en plaine ou jardinées en montagne. La couverture du sol étant constante, cette forme sylvicole présente d’autres avantages comme une moins grande sensibilité à la sécheresse. Nous sommes en présence d’un climat forestier plus stable et moins fluctuant au niveau de son humidité et de son ensoleillement.

Les essences de demain

Quelles seront les espèces adaptées au climat futur ? La question peut paraître simple, mais la réponse est beaucoup plus complexe. Cela dépend du type de sol, de l'altitude, des températures moyennes de chaque forêt, etc.

De manière générale, on peut dire que le hêtre et l'épicéa sont relativement vulnérables aux fortes chaleurs et au manque d'eau. Ces deux espèces sont très majoritaires dans nos forêts et le risque de dépérissement est donc un enjeu très important.

Les essences locales et la régénération naturelle sont utilisées en priorité. On pense notamment en plaine au chêne, à l’érable plane, au tilleul, au noyer, au merisier, au charme, à l’alisier et autres poiriers et pommiers sauvages. En montagne, les résineux et l’érable sycomore auront probablement encore leur place. Il s'agit maintenant d'encourager les bonnes espèces au bon endroit. En complément aux outils cités plus haut, nous étudions la comparaison des caractéristiques de chaque essence pour les favoriser dans chaque type de milieu.

La diversité permet de réduire le risque. Chaque essence réagit différemment au stress. Si une espèce subit une forte perturbation, il faut que d'autres essences soient présentes pour conserver une continuité dans le milieu forestier.

Nous encourageons la diversité des espèces, ainsi que la diversité dans la structure des peuplements. Si des arbres âgés subissent une tempête par exemple, il faut que d'autres arbres plus jeunes soient déjà en place pour prendre la relève. La forêt n’a pas besoin de l’homme, mais elle est essentielle à notre existence.